801/0105. Alexandrie (Al Iskandariyah). Dédicade d'un téménos à Sarapis et Isis par Archagathos, épistate de Libye et son
épouse Stratonikè.
Plaque rectangulaire en marbre blanc (h. 29 cm ; l. 63,5 cm ; p. 3,3 cm) à Handra, au sud du canal Mahmoudieh Musée gréco-romain d'Alexandrie N° Inv. P 8597Entre 285 av. J.-C. (début de la corégence de Ptolémée II avec son père Ptolémée I)
et 279-274 av. J.-C. (mariage d'Arsinoé II avec Ptolémée II), d'après la paléographie, la formule dédicatoire et le prédicat royal.
Ὑπὲρ βασιλέως Πτολεμαίου,
τοῦ Πτολεμαίου καὶ Βερενίκης
Σωτήρων, Ἀρχάγαθος Ἀγαθο-
κλεόυς ὁ ἐπιστάτης τῆς Λιβύ-
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ης καὶ ἡ γυνὴ v Στρατονίκη
Σαράπιδι v Ἲσιδι v τὸ τέμενος.
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« Pour le roi Ptolémée, | fils de Ptolémée et de Bérénice | Sauveurs, Archagathos, fils d’Agatho-| klès, l’épistate de Libye | et son épouse Stratonikè (ont dédié) || à Sarapis et à Isis cet enclos sacré ».
Editio princeps : P. M. Fraser, « A Ptolemaic Inscription in Alexandria Museum », BSAA 41, (1956), pp. 49–55 (= d'où, BE, 1958, n° 531 ; SEG XVIII, n° 636 ; SB VIII, n° 10040). Nouvelle édition d'après la pierrre, I. Alex. Ptol., pp. 29-31, n° 5, Pl. II. Notre édition est faite d'après le cliché d'É. Bernand publié dans, op.cit., Pl. II. cf. A. Rowe & É. Drioton, Discovery of the famous temple and enclosure of Serapis at Alexandria, Le Caire, 1946, pp. 2 & 13 (n. 5) ; L. Moretti, « Εpigraphica 3 : Stratonice, figlia del re Demetrio », dans RFIC 93, 1965, pp. 173-185 ; P. M. Fraser, « Current Problems Concerning the Early History of the Cult of Sarapis », dans OpuscAthen 7, 1967, 40, (n. 73) ; F.W. Walbank, A Historical Commentary on Polybius II, 1967, pp. 32-33 ; P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford, 1972, I pp. 218 & 271, II, p. 367 (n. 229). R. S. Bagnall, « Archagathos, son of Agathokles, epistates of Libya », dans Philologus 120, pp. 195-209 (SEG XXVI n° 1713) ; A. Bernand, Leçon de civilisation, Paris, 1994, pp. 220–221 ; id., Alexandrie la Grande, Paris, 1998, pp. 131-132 ; B. Tkaczow, The topography of ancient Alexandria: an archaeological map, Warsaw, 1993, p. 205, n˚ 47 ; Chr. Thiers, "Égyptiens et Grecs au service des cultes indigènes. Un aspect de l’évergétisme en Égypte lagide", Les régulations sociales dans l'Antiquité : actes du colloque d'Angers, 23 et 24 mai 2003, Rennes, 2006, pp. 275-296 ; B. Legras, « Sarapis, Isis et le pouvoir lagide », M. Molin (éd.)Power, Politics and the Cults of Isis. Proccedings of the Vth International Conference of Isis Studies, Boulogne-sur-Mer, October 13-15, 2011 (organised in cooperation with Jean-Louis Podvin), Leiden, 2014, p. 100.
TM 6083
Sur Archagathos : PP VI 14495 = add. 00375b ; TM ID 6274.
Sur Stratonikè : PP VI 14569 ; TM ID 13712.
L. 3 : l'identification des dédicants a fait couler beaucoup d'encre parmi les savants qui ont édité et commenté la pierre. Fraser croit que cette inscription est la seule source qui nous fait connaître le dédicant. Par contre selon Moretti, le prénom et le patronyme du dédicant peuvent nous amener au fils du tyran de Syracuse Agathoklès, qui maintenait des relations de parenté avec la maison royale d'Égypte, puisque sa troisième épouse Θεοξένα était fille ou belle-fille de Ptolémée Ier. Bagnall pense qu'Archagathos, le fils d'Agathoklès doit être considéré comme frère de Théoxena, qui était la troisième épouse du tyran de Syracuse. Chez Diodore, Archagathos est désigné comme un des fils d'Agathoklès de Syracuse qui est né entre 335 et 330 av. J.-C. par la première épouse du tyran, la veuve de syracusain Damas et il est mort à la tête de l'armée syracusaine contre les Carthaginois. Même l'anthroponyme Ἀρχάγαθος pourrait très probablement indiquer une origine sicilienne, car ce prénom est majoritairement attesté au début de l'époque hellénistique en Sicile (LGPN III.A, p. 74, s.v. Ἀρχάγαθος). Une telle identification serait néanmoins aléatoire, notamment si nous prenons en compte du titre administratif que porte le dédicant.
L. 4 : il semble que le toponyme Λιβύη est utilisé ici pour désigner plutôt le nome d'Égypte situé à l'ouest du bras le plus occidental du Nil que la Libye. (Voir, H. Gautier, Les nomes d'Égypte depuis Hérodote jusqu'à la conquête arabe, Le Caire, 1935, pp. 37-38). Le dédicant occupe la fonction d'épistate, ce qui nous montre qu'il était chargé de la police du nome et il était subordonné au stratège. Même s'il appartient à la bureaucratie mineure, il semble qu'il possédait quelque richesse pour s'engager à l'acte de fondation d'un téménos en l'honneur de Sarapis et d'Isis, dans un souci de favoriser eux-mêmes non seulement auprès des divinités bénéficiaires de la consécration mais aussi auprès de la maison royale.
L. 5 : À propos de Stratonikè, l'épouse d'Archagathos, la plupart des chercheurs acceptent l'identification avec la fille de Démètrios Poliorcète et Deidamia et soulignent qu'il ne faut pas confondre cette personne avec l'autre fille de Démètrios Poliorcète et de son épouse Phila, qui s'appelait aussi Stratonikè et s'est mariée en 294 av. J.-C. avec Antiochos Ier. Cette dernière, d'après Moretti, doit être identifiée avec la dédicante qui a offert une statue à Arsinoé II (IG XIV 727a) entre 316 et 270 av. J.-C.
L. 6 : le terme τέμενος ne doit pas être confondu avec ἱερόν. Ce dernier désigne le sanctuaire, le temple ou la chapelle consacré à une divinité tandis que le mot τέμενος, ayant un sens plutôt spatial, signifie le domaine ou le terrain concédé à un dieu, qui pourrait englober éventuellement un ou plusieurs hiera.