504/0401. Puteoli (Pozzuoli). Lex parieti faciendo.
Plaque en marbre (h. 48 cm ; l. 132 cm) près de l’église S. Stefanino di Pontone Napoli, Museo Archeologico Nazionale inv. 3231105 a.C.
colonne I
Ab colonia deducta anno XC.
N(umerio) Fufidio N(umeri) f(ilio), M(arco) Pullio duovir(eis),
P(ublio) Rutilio, Cn(aeo) Mallio co(n)s(ulibus).
5
Operum lex I̅I̅.
Lex parieti faciendo in area, quae est ante
aedem Serapi trans viam. Qui redemerit,
praedes dato praediaque subsignato
duumvirum arbitratu.
10
les ll. 9-19 de la col. I et toute la col. II
prescrivent les modalités de la construction
|
colonne III
Locumque purum pro eo opere reddito.
Eidem sacella, aras signaque, quae in
campo sunt, quae demonstrata erunt,
5
ea omnia tollito, deferto, componito
statuitoque, ubei locus demonstratus
erit, duumvirum arbitratu.
Hoc opus omne facito arbitratu duovir(um)
et duovira⌜l⌝ium, qui in consilio esse
10
solent Puteoleis, dum ni minus viginti
adsient, cum ea res consuletur. Quod
eorum viginti iurati probaverint, probum
esto; quod ieis inprobarint, inprobum esto.
Dies operis: k(alendis) Novembr(ibus) primeis. Dies pequn(iae) :
15
pars dimidia dabitur, ubei praedia satis
subsignata erunt; altera pars dimidia solvetur
opere effecto probatoque. C(aius) Blossius Q(uinti) f(ilius)
((sestertiis)) MD idem praes, Q(uintus) Fuficius Q(uinti) f(ilius),
Cn(aeus) Tetteius Q(uinti) f(ilius), C(aius) Cranius C(ai) f(ilius), Ti(berius) Crassicius.
|
|
« L’an 90 de la déduction de la colonie, Numidius Fufidius, fils de Numidius, et Marcus Pullius étant duovirs, Publius Rutilius et Cnaieus Mallius étant consuls.
Loi sur les travaux de construction numéro deux.
Cette loi concerne la construction des murs dans l’area qui se trouve devant le temple de Sérapis, de l’autre côté de la voie. Que (l’entrepreneur) qui soumissionne nomme des garants et hypothèque des biens comme caution, selon la décision des duovirs. (...)
L’emplacement doit être purifié avant le début des travaux.
Les chapelles, les autels et les statues qui sont actuellement sur le Campus et qui seront exposées (sur cette area), il faut les enlever, les transporter, les réunir pour les installer à l’endroit où, selon les décisions des duovirs ils seront exposés. Tout ce travail doit être effectué selon les décisions des duovirs et des anciens duovirs qui sont membres du conseil comme il est de coutume à Pouzzoles, à raison d’un quorum de vingt membres présents quand il s’agit de décider de ce genre d’affaire. Que ce que 20 membres du conseil après avoir prêté serment approuvent soit accepté, que ce qu’ils réprouvent soit écarté.
Jour du commencement des travaux : le premier novembre.
Jour du paiement : la moitié sera versée quand la caution sera suffisante; l’autre moitié sera versée après achèvement et réception des travaux.
Caius Blossius, fils de Quintus, soumissionne en déposant 1500 sesterces; il est lui-même garant. (Autres garants ou témoins) :
Quintus Fuficius, fils de Quintus, Cnaius Tetteius, fils de Quintus, Caius Granius, fils de Caius (et) Tiberius Crassicius. »
B. Brissonius, De Formulis et Solemnibus Populi Romani Verbis, Paris, 1583, p. 576-577 ; G. C. Capaccio, La vera antichità di Napoli, Roma, 1652, p. 56 ; CIL X, 1781 ; ILS, 5317 ; Th. Wiegand, « Die puteolanische Bauinschrift sachlich erläuert », JKP Suppl. 20, 1894, p. 659-778 ; Ch. Dubois, Pouzzoles antique, Paris, 1902, p. 44-53 ; CIL I², 698 E. H. Warmington, Remains of old Latin IV, Cambridge, 1959, p. 274-279 n° 30 ; SIRIS, 497 ; M. Malaise, Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden, 1972, p. 285 Puteoli 3 ; ILLRP II, n° 518 ; V. Tran tam Tinh, Le culte des divinités orientales en Campanie, en dehors de Pompéi, de Stabies et d’Herculanum, Leiden, 1972, p. 58-62 IS 12 et fig. 37-38 pl. XXVII-XXVIII ; F. Zevi, « Lex parieti faciendo », dans S. de Caro (éd.), Egittomania: Iside e il mistero, Milano, 2006, p. 77 n° II.1 (ph) ; EDR, 161096.
Il s’agit d’une copie d’époque augustéenne de l’acte original.
Col. III
L. 8 DVOVIRATIVM la pierre.
Cette
lex parieti faciendo est une loi locale de la colonie de Puteoli, datée de 105 a.C., qui mentionne l’achat, puis l’aménagement par les autorités municipales d’une
area sise devant le temple de Sarapis, sans doute entre celui-ci et la mer. Construite sur un terrain public du peuple romain, l’
aedes putéolane de Sarapis s’inscrivait sans doute au cœur économique et social de la cité portuaire. Le déplacement des chapelles, autels et statues sur la nouvelle cour sise devant l’
aedes plaçait tous ces
sacra sous la protection du dieu et embellissait son sanctuaire … comme le firent les statues de Verrès à Syracuse. La localisation du Sérapéum de Pouzzoles demeure toutefois discutée, malgré l’apport de deux documents particulièrement originaux.
On connaît en effet aujourd’hui cinq flacons de verre soufflé incolore et translucide gravés d’un panorama de Pouzzoles montrant ses principaux monuments et son port (cf.
SIRIS p. 232-233 et M. Malaise,
Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden 1972, p. 289-291 Puteoli 29 avec la bibliographie antérieure). De facture locale et pouvant comporter quelques variantes, ils furent emportés loin du port campanien en guise de souvenirs par des touristes, des voyageurs et des curistes ayant transité ou séjourné dans la cité balnéaire. Sur deux d’entre eux, l’un conservé au Musée National de Prague, l’autre – aujourd’hui perdu – exhumé à Odemira dans l’Alentejo portugais, on remarque un temple à podium, précédé d’un bassin lustral et le fronton orné d’une étoile. La statue cultuelle figurée à l’intérieur de l’édifice, radiée, tient une patère de la main droite et une corne d’abondance dans la main gauche. Elle est parfois interprétée comme une image d’Hélios-Sarapis en train de procéder à une libation. Le temple en question pourrait alors être identifié au Sérapéum de la ville, qui se serait élevé non loin du môle, entre le théâtre et l’amphithéâtre, à une encablure du marché, au sein duquel fut retrouvée une belle statue du dieu, un emplacement qui ne serait pas pour étonner, mais qu’il reste à confirmer. Plus près du rivage, sur la jetée, le vase de Prague livre le nom ISIV, qui pourrait désigner l’Iséum de la cité portuaire, un temple distinct du Sérapéum, dont l’existence est désormais confirmée par une inscription sur mosaïque du IIIe s. p.C. (n°
504/0407).