503/1102. Ostia (Ostia antica). Extrait des Fastes.
Plaque en marbre Ostia antica, Nuovi Magazzini della Soprintendenza inv. 11842 a-b.24 janvier 127 p.C.
VIIII K(alendas) Febr(uarias) templum Sarapi, quod [.] Caltilius P... sua pecunia exstruxit, dedicatum [es]t.
« Le 9e jour avant les calendes de février, le temple de Sarapis, que [.] Caltilius P[...] fit édifier à ses frais, a été dédié. »
A. Degrassi, InscrIt XIII 1, Fasti Ostienses fgt XXVI (p. 205), 127, l. 18-19 ; L. Vidman, Fasti Ostienses, Praha, 1957, p. 21, 71 et 87 (H. Bloch, « The Serapeum of Ostia and the Brick-stamps of A.D. 123 », AJA 63, 1959, p. 225-240 ; M. Malaise, Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden, 1972, p. 71 Ostia 18) ; L. Vidman, Fasti Ostienses, Praha, 1982² ;, B. Morovich, « Caltilius P... e la costruzione del Serapeo ostiense », Rendiconti : Istituto lombardo di scienze e lettere, Classe di lettere e scienze morali e storiche 125, 1991, p. 183-200 (AE, 1922, 220) ; M. Fora, Epigrafia anfiteatrale dell’Occidente romano IV, Roma, 1996, p. 44 n° 12 (ph) ; B. Bargagli, C. Grosso, I Fasti Ostienses. Documento della storia di Ostia, Roma, 1997, p. 43 (ph) ; EDR, 121657 ; F. Van Haeperen, Fana, templa, delubra. Corpus dei luoghi di culto dell’Italia antica (FTD) 6. Regio I. Ostie, Porto, Roma, 2019, p. 218-227, part. p. 220.
B. Morovich propose de corriger les Fastes et d’attribuer à C. Cartilius Poplicola la construction d’un premier temple aux divinités isiaques, à la fin du Ier s. a.C., restauré sous Hadrien. Ce n’est pas soutenable. Il n’y a pas à supposer d’erreur dans les Fasti Ostienses, d’autant que le texte porte exstruxit et non exstruxerat. Le dédicant appartient à la famille des Caltilii, bien attestée à Ostie et investie dans les débuts du sanctuaires (cf. Caltilia Diodora, dévote de Boubastis, au n° 503/1113). Les Caltilii portent des cognomina grecs, révélateurs de leurs origines serviles ; plusieurs d’entre eux sont des affranchis. L’ascension sociale de la famille est remarquable. L’auteur de la dédicace du Sérapéum fut probablement également l’acquéreur d’un terrain dans la nécropole d’Ostie pour y faire édifier le tombeau de la gens, près de la Porta Romana, l’entrée de la ville la plus fréquentée, dans le but de marquer son intégration dans l’élite municipale (cf. F. Zevi, « L’autocelebrazione d’una famiglia ostiense; i Caltilii e il Serapeo di Ostia », dans M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine (éd.), Les élites et leurs facettes. Les élites locales dans le monde hellénistique et romain, Actes du colloque de Clermont-Ferrand, 24-26 novembre 2000, ERGA 3/EFR 309, Rome-Clermont-Ferrand, 2003, p. 569-579.

Le Sérapéum est dédié le 24 janvier 127, dies natalis de l'empereur Hadrien, qui avait été, l’année précédente, duovir d’Ostie. Il est situé dans la Regio III, ins. XVII, n. 4. Sur ce sanctuaire, on verra R. Mar, « El Serapeo de Ostia », Bullettino d’Arqueología 13, 1995, p. 27-52 ; U. Egelhaaf-Gaiser, Kulträume im römischen Alltag. Das Isisbuch des Apuleius und der Ort von Religion im kaiserzeitlichen Rom, Stuttgart 2000 ; R. Mar et al., El santuario de Serapis en Ostia, Tarragona 2001, J. Alvar, R. Rubio, López Barja de Quiroga, « El Serapeo de Ostia », ARYS 5, 2002, p. 99-122 ; P. Pensabene, « La ‘topografia del sacro’ a Ostia alla luce dei recenti lavori di A.K. Rieger e di D. Steuernagel », Archeologia Classica 56, 2005, p. 497-532 ; F. Van Haeperen, « Ostia. Temple de Sérapis (III, XVII, 4) », dans Fana, templa, delubra. Corpus dei luoghi di culto dell’Italia antica (FTD) 6. Regio I. Ostie, Porto, Roma 2019, p. 218-227.

La mention de la dédicace du temple dans les Fastes d’Ostie indique son caractère public. Le Sérapéum d’Ostie se révèle être une entité économique et sociale complexe, aux activités diverses et en étroite relation avec l’espace environnant, surtout lorsque celui-ci est principalement locatif et/ou commercial. Parmi les quelque cinquante temples isiaques attestés en Italie, le sanctuaire de Sarapis à Ostie, fouillé entre 1939 et 1941 est, avec l’Iséum de Pompéi, le seul qui soit identifié avec certitude et entièrement dégagé. Les fouilles conduites dans les espaces secondaires mais fonctionnels du temple (salle de banquet, magasins, thermes, milieux résidentiels, etc.) ont mis au jour de nombreux documents archéologiques et épigraphiques qui révèlent les multiples contacts entretenus avec les commerçants et les artisans évoluant à proximité, mais aussi avec quelques familles localement importantes, la vie du sanctuaire paraissant nettement liée aux actes d’évergétisme de trois gentes : celle des Caltilii lors de la fondation du temple (cf. aussi le n° 503/1113), celle des Statilii au milieu du IIe s. p.C. (n° 503/1104 à 503/1107, 503/1112 et 503/1136), et celle des Umbilii, homines novi du Sénat lors du principat de Commode et actifs à Ostie durant l’époque sévérienne (n° 503/1131).
Apparaît alors clairement la double logique à laquelle les sanctuaires isiaques se doivent de répondre : offrir au monde extérieur une image positive, attractive, avec des bâtiments étudiés pour faire venir de nouveaux dévots, mais aussi permettre en interne aux officiants de célébrer le culte selon les règles.