501/0180. Roma (Roma). Epitaphe de Vettius Agorius Praetextatus.
Autel en marbre (h. 127 cm ; l. 73,5 cm ; p. 53 cm) Roma, Musei Capitolini, inv. 2543 (= MC 208) 384 p.C. ou peu après.
D(is) M(anibus).
Vettius Agorius Praetextatus,
augur, pontifex Vestae,
pontifex Sol[is], quindecemvir
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curialis Herc[u]lis, sacratus
Libero et Eleusiṇịịs, hierophanta,
neocorus, tauroboliatus,
pater patrum, in [r]e publica ver[o],
quaestor candidatus,
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pretor urbanus,
corrector Tusciae et Umbriae,
consularis Lusitaniae,
proconsule Achaiae,
praefectus urbi,
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legatus a senatu missus V,
praefectus praetorio II Italiae
et Illyrici,
consul ordinarius
designatus,
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et Aconia Fabia Paulina C(atullini) f(ilia)
sacrata Cereri et Eleusiniis
sacrata apud Eginam Hecatae,
tauroboliata, hierophantria.
Hi coniuncti simul vixerunt ann(os) XL.
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« Aux dieux Mânes. Vettius Agorius Praetextatus, augure, pontife de Vesta, pontife de Sol, quindecemvir, curiale d’Hercule, consacré à Liber et aux divinités éleusiniennes, hiérophante, néocore, taurobolié, père des pères; pour les fonctions étatiques, en vérité, questeur candidat (de l’empereur), préteur urbain, corrector de Tuscie et d’Ombrie, consulaire de Lusitanie, proconsul d’Achaïe, préfet de la Ville, légat du Sénat à cinq reprises, préfet du prétoire à deux reprises, en Italie et en Illyrie, consul ordinaire désigné et Aconia Fabia Paulina, fille de Catullinus, consacrée à Cérès et aux divinités d’Éleusis, consacrée à Hécate à Égine, tauroboliée, hiérophante. Les époux vécurent ensemble 40 ans. »
CIL VI, 1779 (ILS, 1259 ; R. Duthoy, The Taurobolium, Leiden, 1969, n° 28 ; M. Malaise, Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden, 1972, p. 122 Roma 30) ; M. J. Vermaseren, Corpus Cultus Cybelae Attidisque III, Leiden, 1977, n° 246 et pl. CXXXIII ; A. Danti, Musei Capitolini. Le sculture del Palazzo Nuovo I, Milano, 2010, p. 344-347 n° 2 (ph) ; SupplIt Imagines - Roma, n° 36 ; A. Kolb, B. Fugmann, Tod in Rom. Grabinschriften als Spiegel roemischen Lebens, Mainz, 2008, p. 66-70 n° 14 (ph) ; EDR, 121930.
Sur ce texte et les nn° 501/0181 et 501/0210, voir entre autres, H. Niquet, Monumenta virtutum titulique, Stuttgart 2000, p. 237-252 ; G. Polara, « Iscrizioni e propaganda: il cippo tombale di Pretestato », in: F. E. Consolino (éd.), Letteratura e propaganda nell’ Occidente latino da Augusto ai regni romano-barbarici, Roma 2000, p. 107-126 ; M. Kahlos, Vettius Agorius Praetextatus: A Senatorial Life in Between, Rome 2002, p. 216-225 ; M. Mangiafesta, « I culti orientali e Vettio Agorio Pretestato », in: B. Palma Venetucci (éd.), Culti orientali tra scavo e collezionismo, Roma 2008, p. 103-112 ; S. Orlandi, « Gli ultimi sacerdoti pagani di Roma: analisi della documentazione epigrafica », in: P. Brown, R. Lizzi Testa (éd.), Pagans and Christians in the Roman Empire: The Breaking of a Dialogue (IVth-VIth Century A.D.), Proceedings of the International Conference at the Monastery of Bose (October 2008), Munster 2011, p. 425-466, part. 452, n° 69 ; L. Bricault, « Gens isiaca et identité polythéiste à Rome à la fin du IVe s. apr. J.-C. », in: L. Bricault, M. J. Versluys (éd.), Power, politics and the cults of Isis, Leiden 2014, p. 326-359, part. p. 348-356.

L. 7 L. Vidman (SIRIS, note sous le n° 450) doute que le terme néocore soit applicable aux cultes isiaques et n’avait donc pas retenu ce texte. Cette opinion n'est guère recevable. Si l'on observe la séquence des sacerdoces de cette inscription (col. I, ll. 4-11), on observe que Prétextat y est qualifié de neocorus, tauroboliatus et pater patrum. Si les deux derniers titres renvoient respectivement aux cultes de Cybèle et de Mithra, le premier ne peut être qu’isiaque. Le rapprochement de cette séquence avec celles des inscriptions 501/0208 et 501/0209 rend difficile à expliquer dans celle-ci l’absence d’un office relatif aux cultes isiaques ; si des néocores sont connus pour de nombreux cultes dès l’époque classique (fin du Ve siècle a.C. pour les premières attestations épigraphiques en Attique et à Délos), on sait qu’au début du IIe siècle p.C. apparaît le titre, sans doute autant honorifique que fonctionnel, de néocore du grand Sarapis. Un titre prestigieux conféré – par l’Empereur ? – à des personnalités en vue, dont plusieurs champions olympiques, bientôt réunies en une association puisqu’un texte de la fin du IIe siècle mentionne un « doyen des néocores du grand Sarapis » (n° 501/0203). Deux siècles plus tard, le terme néocore pouvait sans doute se suffire à lui-même pour désigner son titulaire comme un adepte de haut rang des cultes isiaques. La néocorie de Prétextat concerne donc assurément les divinités isiaques.
Rappelons enfin que son épouse, initiée par ses propres soins, était une isiaque (n° 501/0210).
L. 18-19 il est mort probablement en décembre 384 p.C., juste avant de prendre les faisceaux.
L. 20 on peut aussi comprendre c(larissima) f(emina), cf. n° 501/0181.

Cette inscription se poursuit par deux poèmes (CLE 111) rappelant que c’est Prétextat qui avait initié sa femme aux mystères ; cf. A.-J. Festugière, « Initiée par l’époux », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot 53, 1963, p. 135-146.