501/0174. Roma (Roma). Epitaphe d'Alexandria, pastophore d'Isis.
Fragment de sarcophage en marbre (h. 31 cm ; l. 33 cm ; p. 4 cm) L'épitaphe métrique bilingue – latine et grecque – est inscrite dans un cadre mouluré,
sur la droite duquel on voit encore le buste d’une jeune personne debout, les cheveux
courts plutôt que le crâne rasé, tenant de la main droite une palme servant de hampe
à une enseigne moulurée et probablement peinte à l’origine.Firenze, Museo Archeologico, Villa Corsini a Castello inv. 86139IIe-IIIe s. p.C.
[Hic iacet Ogygii Bacc]hi dei nota / [sacerd]os /
[pastophorus]quae (sic) deae Nilo/[tidis usq(ue) p]udica, //
[nomine Ale]xandria, cui flos / [grat]um iuventae, /
[cum iam P]arcarum nota sustu/[lit] invida Diti. /
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[Ἐνθά]δε Ἀλεξάνδρια κόρη πρόπο//λος Διονύσου, /
[π]αστοφόρος τε θεᾶς Νειλώτιδος / Εἴσιδος ἁγνῆς, /
εἴκοσι δὶς πληρώσασα χρόν<ους> / κεῖται λυκαβάντων.
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« Ci-gît la prêtresse fameuse du dieu Bacchus Ogygien et la pastophore de la déesse du Nil, à jamais pure, du nom d’Alexandria, pour qui la fleur de la jeunesse était chose précieuse, alors que la marque des Parques l’a déjà emportée chez Pluton.
Ci-gît Alexandria, jeune servante de Dionysos et pastophore de la déesse du Nil, la pure Isis, ayant vécu 22 années. »
L. Henzen, EphEpigr IV, 874 ; CIL VI, 32458 ; Bücheler, CLE, n° 547 ; IG XIV, 1366 ; ILS, 4414 ; IGRR I, 187 ; W. Peek, Griechische Vers-Inschriften I, Berlin, 1955, n° 2012 ; SIRIS, 433 ; M. Malaise, Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden, 1972, p. 131-132 Roma 66 ; L. Moretti, IGUR III, Roma, 1979, 1150 (ph) ; C. Ricci, , « Frammento di sarcofago di Alexandria », dans E. A. Arslan (éd),, Iside il mito il mistero la magia, Milano, 1997, p. 216 n° IV.195 (ph) ; M. G. Granino Cecere, SupplIt Imagines - Roma 3, n° 3938 ; EDR, 107865.
Les premières lettres de chaque ligne, lues(?) par Henzen, ne figurent plus sur le fragment aujourd’hui conservé.
La partie gauche du monument ayant disparu, on peut se demander si une autre figure en relief ne faisait pas pendant à celle tenant la palme et, par voie de conséquence, si celle que nous voyons est Alexandria ou plutôt un jeune homme à la poitrine dénudée. Cette pastophore de la déesse du Nil fut sacerdos de Dionysos, mais non d’Isis, dont elle fut simplement une pastophore.
L. 3 le rôle du pastophore a été et reste sujet à discussion. Le sens du terme παστός a été longtemps débattu; indépendamment, C. Vatin, Recherches sur le mariage et la condition de la femme mariée à l’époque hellénistique, Paris 1970, p. 211-218 et I. C. Cunningham (éd. des Mimiamboi d’Hérondas [1971] 4,56), suivis par O. Masson, RPh 1974, p. 88, ont démontré que l’on pouvait donner à ce mot le sens de «curtain», «rideau». M. Malaise, Les conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie, Leiden 1972, p. 128-130, a alors proposé de reconnaître dans le pastophore un officiant subalterne chargé d’ouvrir le rideau masquant la statue de la divinité. En Égypte, le terme grec παστοφόρος correspond en effet au démotique wn(-pr) «celui qui ouvre»; on a pu être tenté de rapprocher cette fonction de celle de «gardien des portes», elle aussi bien connue en Égypte (cf. E. Jelinkova-Reymond, «Recherches sur le rôle des «gardiens de portes» (iry-c3) dans l’administration des temples», CdE 28, 1953, p. 39-59); cependant pour H. De Meulenaere, «Pastophores et gardiens des portes», CdE 31, 1956, p. 299-302, l’équivalence wn(-pr)/iry-c3 n’est pas prouvée, ce que je crois également. Dans sa monographie sur le sujet, H.-B. Schönborn, Die Pastophoren im Kult de ägyptischen Götter, Meisenheim am Glan 1976, s’en tient à l’interprétation ancienne qui considère le pastophore comme une sorte de naophore prenant part aux processions (cf. le compte rendu très critique de M. Malaise dans AC 45, 1976, p. 743-746). Plusieurs autres études ont été consacrées au terme παστός et aux mots de la même famille, par A. Passoni Dell’Acqua, «Ricerche sulla versione dei LXX e i papiri : I Pastophorion», Aegyptus 61, 1981, p. 171-211, surtout p. 175-180, E. N. Lane, «ΠΑΣΤΟΣ», Glotta 66, 1988, p. 100-123, et F. Hoffmann, J. F. Quack, «Pastophoros», in: A. M. Dodson, J. J. Johnston & W. Monkhouse (éd.), A Good Scribe and an Exceedingly Wise Man. Studies in Honour of W.J. Tait, London 2014, p. 127-155.