501/0126. Roma Regio XII (Roma). Dédicace à Zeus Hélios grand Sarapis.
Cippe en marbretrouvé dans le pronaos du Mithraeum des thermes de Caracalla. Sur le côté droit, une patère, sur le côté gauche un urceus.Roma, Museo nazionale romano inv. 69651. Fin du IIe-début du IIIe s. p.C.d'après le formulaire.
Face antérieure
Εἷς Ζεὺς
[[Σάραπις]]
Ἥλιος
5
κοσμοκράτωρ
ἀνείκητος.
|
Face postérieure
Διὶ Ἡλίῳ
μεγάλῳ
Σαράπιδι
5
σωτῆρι
πλουτοδότῃ
ἐπηκόῳ
εὐεργέτῃ
ἀνεικήτῳ
10
Μίθρα
χαριστήριον.
|
|
« Un seul Zeus [[Sarapis]] Soleil, maître du monde, invincible.
À Zeus Soleil grand Sarapis, sauveur, qui procure la richesse, qui écoute les prières, bienfaisant, invincible, Mithra, en marque de reconnaissance. »
E. Ghislanzoni, NSA, 1912, p. 322-323 n° 1 (AE, 1913, 188) ; F. Cumont, L. Canet, « Mithra ou Sarapis Kosmocrator », CRAI, 1919, p. 313-328 (E. Perterson, EIΣ ΘEOΣ, Göttingen, 1926, p. 238-239) ; F. Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain, Paris, 1929 (4e éd.), p. 77 fig. 5 et p. 236 n. 37 ; M. J. Vermaseren, CIMRM I, Den Haag, 1956, 463 ; IGUR I, 194 ; SIRIS, 389 ; M. Malaise, Inventaire préliminaire des documents égyptiens découverts en Italie, Leiden, 1972, p. 143-144 Roma 108.
Face antérieure:
L. 1 le nom de Σάραπις a été érasé et remplacé par celui de Μίθρα ; sur cette formule, cf. n°
404/0101.
L. 3 sur κοσμοκράτωρ, cf. Cumont & Canet, p. 318-328; P. Hombert, « Sarapis ΚΟΣΜΟΚΡΑΤΩΡ et Isis ΚΟΣΜΟΚΡΑΤEIΡA »,
AC 14, 1945, p. 319-329; O. Montevecchi, «Pantokrator», dans
Studi A. Calderini R. Paribeni II, 1957, p. 405-411; Abd El-Mohsen El-Khachab, «῾Ο "ΚΑΡΑΚΑΛΛΟΣ ΚΟΣΜΟΚΡΑΤΩΡ"»,
JEA 47, 1961, p. 119-133. Sarapis est dit κοσμοκράτωρ dans deux documents provenant d’Égypte, le
P.Mil.Vogl. I,21,13 (Oxyrhynchos) daté du Ier s. p.C. et le
PGM XIII,618 et 628 daté des IIIe-IVe s. p.C. Voir aussi le
PGM IV 2197.
L. 5 correspond au latin
invictus, épithète empruntée par Sarapis à Mithra. Cf. n°
113/0533.
Face postérieure :
L. 1-3 sur ce syntagme, cf. n°
205/0304 ; on retrouve ici une - relative - accumulation de théonymes et d’épithètes affirmant l’identité des fonctions essentielles des dieux nommés, qui vient renforcer l’intensification exprimée par l’acclamation. Sont ainsi combinées deux formes rituelles, la communication par l’expression d’un vœu et celle par la proclamation d’une identité commune. La pierre fut ensuite réutilisée par une confrérie mithriaque et l’on remplaça, sur la face antérieure, le nom de Sarapis par celui de Mithra, peut-être après la mort de Caracalla, lorsque le culte mithriaque a en partie supplanté le culte sarapiaque (Cumont & Canet). Cependant, la préservation du nom du dieu égyptien dans la formule Διὶ Ἡλίῳ μεγάλῳ Σαράπιδι sur la face postérieure indique que l’on a dû considérer que Sarapis-Hélios avait tout de même encore sa place dans un Mithraeum à la fin du IIIe s. p.C.
L. 4 cf. nn°
202/0170 et
204/0330.
L. 5-7 sur ces épithètes, cf. E. Peterson, p. 238-239.
L. 5 épithète d’Isis, plutôt. Cf.
P.Oxy. XI 1380.
L. 6 cf. nn°
304/0902,
501/0113 et
704/0304.
L. 7 sur εὐεργέτης, cf. L. Robert,
Hellenica V, 1948, p. 21 n. 1. Ces diverses épithètes trahissent toutes une origine et une influence orientale.
L. 9 Μίθρᾳ encore pour Moretti (
IGUR). Je pense qu’il n’y a pas lieu de voir ici une quelconque identification Sarapis-Mithra (avec le nom de ce dernier au génitif), mais simplement le nom du dédicant au nominatif (opinion de Salač, Vidman et Malaise), dont l’origine orientale ne fait aucun doute. D’autres fidèles des cultes isiaques portent ce nom, dans le n°
501/0125 ou bien encore le grand prêtre d’Isis dans les
Métamorphoses d’Apulée. C’est sans doute du fait de cette ambiguïté que la pierre fut apportée dans le mithraeum et qu’alors, on érasa le nom de Sarapis pour lui substituer celui de Mithra, une action qui ne s’imposait pas pour le second texte. Les épithètes accolées au nom des dieux expriment leur omnipotence et leur toute puissance, une absolue suprématie que l’on retrouve plus tard dans un discours de l’empereur Julien (
Discours XI Sur Hélios-Roi 10 [136a]) citant un vers orphique.