404/0101. Dura-Europos (al-ṣālḥya). Acclamation pour Zeus-Sérapis.
Graffito inscrit dans une maison privée de la reg. E, ins. 4.Fin du IIe-début du IIIe s. p.C.
Εἷς Ζεὺς Σέραπις.
Καλήν τὴν ἡμέρ-
αν.
« Zeus (et) Sérapis ne font qu’un. (Qu’il donne) une belle journée ! »
M. Crosby, The Excavations at Dura-Europos. Preliminary report of sixth season (1932-1933), New Haven, 1936, p. 45-46 n° 623 (AE, 1937, 237 ; Bull., 1938, 524 ; SIRIS, 363).
L. 1 cette formule acclamative proclame l’identité des deux grands dieux, mais non leur unicité. Cette exaltation, au sens littéral du terme, de Zeus et de Sarapis, lequel est systématiquement nommé après le maître de l’Olympe, prend la forme d’un superlatif relatif, les dieux ainsi exaltés demeurant en relation avec les autres dieux. Comme le montre N. Belayche, l’emploi d’une telle expression ne marque en rien une étape vers le monothéisme, comme on l’a longtemps pensé sous l’influence de la tradition judéo-chrétienne. L’hénothéisme qui se manifeste ici, proche de celui qui s’attache à la personne d’Isis, ne remet pas en cause le polythéisme. La différence qui s’opère entre le dieu et sa parèdre tient aux modalités d’expression de cet hénothéisme. Dans le cas d’Isis, les véritables litanies que constituent hymnes et arétalogies fonctionnent comme des catalogues ontologiques que l’on déclamait certainement dans le rituel au titre d’actions de grâces. S’agissant de Sarapis, les acclamations, pareilles à des slogans, s’inscrivent davantage dans les pratiques sociales, politiques et juridiques courantes dans les cités depuis l’époque hellénistique et toujours bien vivaces durant l’Empire. Ces formules brèves mais explicites sont gravées sur les bijoux que l’on porte au quotidien jusque dans sa tombe, comme pour l’amulette en or trouvée dans un sarcophage exhumé devant le mur occidental de Périnthe, ou incisées sur les murs de maisons privées, comme ici dans une ville de garnison telle que Doura Europos, sur les bords de l’Euphrate. Sur ce type de formules, cf. L. Di Segni, «Εἷς θεός in Palestinien Inscriptions», SCI 13, 1994, p. 94-115 et N. Belayche, « Au(x) dieu(x) qui règne(nt) sur… Basileia divine et fonctionnement du polythéisme dans l’Anatolie impériale », dans A. Vigourt et al. [éd.], Pouvoir et religion dans le monde romain en hommage à Jean-Pierre Martin, Paris 2006, p. 257-269 ; ead., « Deus deum … summorum maximus (Apuleius). Ritual Expressions of Distinction in the Divine World in the Imperial Period », dans S. Mitchell et P. Van Nuffelen [éd.], One God. Studies in Pagan Monotheism and Related Religious Ideas in the Roman Empire, Cambridge 2010, p. 141-166.
L. 2-3 cf. la formule du n° 501/0215.