115/0401. Nymphaion (). Fresque avec un navire au nom d'Isis.
Fresque polychrome peinte sur du stuc, dans une chapelle d’Aphrodite et Apollon, qui présente plusieurs dessins de navires
et des inscriptions en relation avec la mer, écrites en grec. Le plus important des
navires, orné de l’image d’un Dioscure cavalier, porte le nom d’Ἷσις. ca 275-250 a.C.
N. L. Grach, VDI, 1984,1, p. 81-88 (ph) (SEG XXXIV, 1984, 756) ; N. L. Grach, Archeologija (Ukraine) 57, 1987, p. 81-94 (Bull., 1990, 590 ; SEG XXXIX, 1989, 701) ; L. Bricault, Isis, dame des flots, Liège, 2006, p. 22-25 et fig. 2 ; L. Bricault, Isis Pelagia: Images, Names and Cults of a Goddess of the Seas, Leiden, 2020, p. 23-27 et fig. 2 (avec la bibliographie antérieure).
Ce navire fut probablement envoyé par Ptolémée Philadelphe en mission diplomatique auprès du roi Parisadès II, entre 270 et 245 a.C. (cf. J. Vinogradov, « Der Staatsbesuch der “Isis” im Bosporus »,
Ancient Civilizations from Scythia to Siberia 5.4, 1999, p. 271-302 ; W. M. Murray, « A trireme named Isis: the sgraffito from Nymphaion »,
International Journal of nautical Archaeology 30.2, 2001, p. 250-256). Il a pu transporter des objets cultuels, parmi lesquels sans doute une statue en basalte noir d’Arsinoé-Isis, dont la partie supérieure fut retrouvée autrefois à Panticapée. Comme de nombreuses autres villes portuaires, Nymphaion a dû accueillir un lieu de culte, fut-il de dimensions modestes, pour honorer Arsinoé-Aphrodite-Isis.
Ces relations diplomatiques et commerciales sont très certainement à l’origine de la version étiologique sur l’
origo de Sarapis rapportée par Clément d’Alexandrie et reprise par Eusèbe de Césarée dans sa
Chronique pour l’année 1738, selon laquelle la ville de Sinope aurait offert la statue du dieu aux Lagides en remerciement du blé qu’ils leur procurèrent pour faire face à une terrible disette. Le lien précoce entre les isiaques et les activités marchandes maritimes explique aussi, sans doute, certains toponymes, comme ce Port des Isiaques, ancêtre d’Odessa, sur la côte nord-occidentale du Pont Euxin, interface probable entre le Bosphore cimmérien, l’Égypte et Rhodes.
On connaît un certain nombre de navires portant un nom dérivé de ceux d’Isis ou de Sarapis, considérés comme protecteurs de la navigation; cf.
P.Cair.Zen. III 59320,3 (ca 28 janvier 249 a.C.) pour un bateau (κυβαία) du nom d’Isis servant au transport du blé de l’Arsinoïte vers Alexandrie,
P.Heid. VI (1994) 368,4 (29 avril 212 a.C.) pour un autre navire du même nom préposé aux mêmes fonctions, ou encore
PSI IX 1048,9 (Oxyrhynchos, IIIe s. p.C.); Le navire de Lucien de Samosate (I-IX) porte sur les deux côtés de sa proue la déesse Isis qui lui a donné son nom. Pour d’autres navires au nom d’Isis ou de Sarapis, cf. n°
201/0201,
202/0703,
203/0701,
501/0219,
503/1132,
504/0501,
504/0502 et
504/0503.