113/1201 (Suppl. I). Cassandrea (Nea Potidaia). Arétalogie d'Isis.
Partie supérieure d’une grande stèle en marbre blanc. Thessalonique, Musée archéologique inv. ΜΘ 18061. IIe siècle p.C. d’après la paléographie.
1 Ἇγαθῆι Τύχηι.
Διὶ Ἡλίῳ Σαράπιδι καὶ Ἴσιδι μυριωνύμωι.
2 Τάδε ἐγράφη ἐκ τῆς στήλης τῆς ἐν Μέμφει,
ἥτις ἕστηκεν πρὸς τῷ Ἡφαιστείῳ.
5
3a Ἷσις ἐγώ <ε>ἰμι ἡ τύραννος πάσης χώρας· 3b καὶ ἐπαι-ε>
δεύθην ὑπὸ Ἑρμοῦ 3c καὶ γράμματα εὗρον μετὰ Ἑρμοῦ, τὰ ἱε-
ρὰ καὶ τὰ δημόσ[ια γ]ράμματα, ἵνα μὴ τοῖς αὐτοῖς πάντα γράφηται.
4 Ἐγὼ νόμους ἀνθρώποις ἐθέμην καὶ ἐνομοθέτησα ἃ οὐθεὶς
δύναται μεταθεῖναι. 5 Ἐγώ εἰμι Κρόνου θυγάτηρ πρεσβυτάτη. 6 Ἐγώ
10
εἰμι γυνὴ καὶ ἀδελφὴ Ὀσείριδος βασιλέως. 7 Ἐγώ εἰμι ἡ καρπὸν εὑ-
ροῦσα ἀνθρώποις. 8 Ἐγώ εἰμι μήτηρ Ὥρου βασιλέως. 9 Ἐγώ εἰμι ἡ ἐν
τῷ τοῦ Κυν[ὸς] ἄστρῳ ἐπιτέλλουσα. 10 Ἐγώ εἰμι ἡ παρὰ γυναιξὶ Θεὸς κα-
λουμένη. 11 Ἐμο[ὶ Βο]ύβαστος πόλις οἰκοδομήθη. 12 Ἐγὼ ἐχώρισα γ[ῆν]
ἀπὸ οὐρανοῦ. 13 Ἐγὼ ἄ[στρ]ων ὁδοὺς ἔδειξα. 14 Ἐγὼ ἡλίου κ[αὶ σελήνης πορέ-]
15
αν συνεταξάμην. 15 Ἐγὼ θ[αλ]άσσια ἔργα εὗρον. 16 Ἐγ[ὼ τὸ δίκαιον ἰσχυρὸν] [ἐπ]οίησα. 17 Ἐγὼ
γυναῖκα κα[ὶ ἄ]ν[δρ]α συν[ήγαγον. 18 Ἐγὼ γυναικὶ δεκαμηνιαῖον] [βρέφο]ς εἰς φῶς ἐξενεγκ[εῖν
ἔταξα. 19 ---]
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« À la Bonne Fortune. À Zeus Soleil Sarapis et Isis myrionyme. Ceci a été copié d’une stèle de Memphis, qui se trouve près du temple d’Héphaïstos.
3a Moi, je suis Isis, la souveraine de toute contrée,
3b j’ai été instruite par Hermès
3c et j’ai inventé l’écriture avec Hermès, la sacrée et la démotique, afin qu’on ne dût pas tout écrire avec la même écriture.
4 Moi, j’ai donné aux hommes les lois, et j’ai décrété ce que personne ne peut changer.
5 Moi, je suis la fille aînée de Kronos ;
6 je suis l’épouse et la sœur du roi Osiris ;
7 je suis celle qui découvris aux hommes les fruits ;
8 je suis la mère du roi Horus ;
9 je suis celle qui se manifeste dans l’étoile du Chien ;
10 je suis celle qui est appelée « Déesse » parmi les femmes ;
11 Pour moi, la ville de Boubastis a été édifiée.
12 J’ai séparé la terre du ciel ;
13 j’ai indiqué leur route aux étoiles ;
14 j’ai déterminé la voie du soleil et de la lune.
15 Moi, j’ai inventé la science nautique.
16 Moi, j’ai rendu le droit puissant.
17 Moi, j’ai accouplé la femme avec l’homme ;
18 j’ai fixé à la femme comme terme le dixième mois pour mettre au monde son enfant. […] »
Chr. Veligianni, K. Kousoulakou, “Ἀρεταλογια Ἰσιδος ἀπὸ τὴν Κασσάνδρεια”, Πρακτικὰ Β’ Πανελληνίου Συνεδρίου Επιγραφικὴς (Θεσσαλονίκης, 24-25 Νοεμβρίου 2001), Thessalonique, 2008, 49-72 (G. Nachtergael, CE, 2009, 390 ; SEG LVIII, 2008, 583).
Ce texte nous fait connaître une nouvelle copie de l’arétalogie d’Isis, diffusée dans le monde méditerranéen entre le IIIe siècle a.C. et le IIIe siècle p.C. Hormis la dédicace initiale, le texte qui suit est rigoureusement identique – à quelques lettres près –, de celui livré par le texte de Kymè d’Eolide (
RICIS 302/0204, avec la bibliographie essentielle).
Outre le document de Kymè, que l’on peut dater du Ier ou du IIe siècle p.C., nous connaissons au moins trois autres copies, fragmentaires, du même texte : une découverte sur l’île d’Ios, du IIe ou du IIIe siècle p.C., qui donne la première moitié de l’arétalogie (
IG XII 5, 14 =
RICIS 202/1101) ; le texte très fragmentaire de Thessalonique (
IG X 2, 254 =
RICIS 113/0545 : Ier ou IIe siècle p.C.) ; un fragment inédit, d’époque romaine, conservé au musée de Fetihye et qui pourrait provenir de Telmessos, en Lycie (cf.
RICIS 306/0201) ; enfin, un extrait de Diodore de Sicile (I, 27), très proche de l’original.
On notera la dédicace de l’inscription, qui s’adresse à Zeus Hélios Sarapis (sur cette formule syncrétique, cf. n°
205/0304.) et Isis myrionyme, ce qui confirme une date au plus tôt d’époque flavienne, mais plus probablement antonine, ainsi que la mention initiale renvoyant à un « original » qui se trouverait dans le sanctuaire memphitique de Ptah, une formule qui fait donc partie à part entière du texte sacré. Le nom du dédicant n’apparaît toutefois pas au début du texte, contrairement à la version de Kymè. Ce nouvel exemplaire pose de façon accrue la question du rapport entre le texte de l’arétalogie d’Isis et d’éventuelles fondations de sanctuaires. La
Selbstoffenbarung isiaque a-t-elle provoqué, accompagné ou suivi la fondation des sanctuaires où l’on en retrouva copie ? Il est bien difficile de le dire faute d’argument décisif. Quoi qu’il en soit, la présence en des lieux forts éloignés l’un de l’autre (Kymè d’Éolide, Telmessos (?) de Lycie, Ios, Thessalonique et maintenant Cassandrea en Macédoine) de plusieurs copies d’un même texte, gravées à des époques différentes (entre le Ier et le IIIe siècle p.C. pour les cinq qui nous sont connues actuellement) pose problème. Comment l’expliquer ? C’est là une question qui en entraîne au moins une autre. En effet, pour éclairer cette situation, quels liens devons-nous supposer entre un certain clergé égyptien, peut-être memphite, à l’origine de l’Arétalogie, et les sanctuaires isiaques du monde gréco-romain, voire entre ces sanctuaires eux-mêmes ? Ceux-ci sont encore loin d’être clairement définis.