113/0506. Thessalonike (Thessalonique). Dédicace versifiée à Osiris.
Album quandrangulaire en marbre,trouvé dans le Sarapieion. Θεσσαλονίκη, μουσείο inv. MΘ 979.Ca 120 a.C.
Σοὶ τόδε δωμητὸν τέμενος θέτο, δαῖμον Ὀσε[ῖρι],
λάρνακά τε γλαφυρὰν ἔνδοθι ναμόφορον·
ἔνθα περιπλώεις σὺ κατ´ ἀστεροφεγγέα νύκτα
καὶ τεύχεις ἐρατὴν Ἷσιν ἐν ἀγλαΐαις.
5
Aὐτὸς γὰρ πάμπρωτος ἐπήξαο νήïα δοῦρα
καὶ πόρον εὐξέστοις τμῆξας ἔνερθε πλάταις.
ἀλλ´ ἄνα, Φυλακίδηι τε καὶ υἱέï καλὸν ὀπάζοις
δῶρον ἐϋκλεïης ἄμφω ἀπημοσύνηι,
ὄφρα τις ἀμερίων λεύσσων τάδε θυμὸν ὀτρύνηι
10
σφωïτερομ μακάρωμ μήποτε λῆστιν ἔχειν.
Δαμαίου.
1
« C’est pour toi, divin Osiris, que (Phylakidès) a élevé cet enclos bâti et, à l’intérieur, le coffre bien ouvré qu’emporte le courant, là où tu accomplis ton périple par la nuit brillante d’étoiles et rends Isis charmante au milieu des réjouissances. En effet, toi-même, le premier de tous, tu as assemblé les planches d’un navire et tu t’es frayé une voie avec des rames soigneusement polies. Mais lève-toi et puisses-tu accorder à Phylakidès et à ses fils le beau don de la renommée en les gardant sains et saufs, tant qu’un mortel, en voyant tout ceci, incitera son coeur à ne jamais oublier les dieux. (Poème de) Damaios. »
IG X 2, 108 et pl. IX ; J. Bingen, « Sur une dédicace osiriaque de Thessalonique », CE XLVII, 1972, p. 288-291 (trad. adoptée supra) ; R. Merkelbach, « Zwei Texte aus dem Sarapeum zu Thessalonike », ZPE 10, 1973, p. 45-49 (Bull., 1973, 279 ; M. Totti, Ausgewählte Texte der Isis- und Sarapis-Religion, Hildesheim - Zürich, 1985, n° 72 p. 163).
L. 2 pour λάρναξ, cf. Plutarque, De Iside 13 (356B) ; allusion au mythe osirien, lorsque le corps du dieu, découpé en morceaux par Seth, fut emporté par le courant du Nil jusqu’à la Méditerranée.
L. 3 comparer le décret de Canope (OGIS I 56,41 ἀναγωγή et l. 54 περίπλοος) ; le «périple d’Osiris» du 29 Choiak, qui s’effectue entre le temple d’Amon-grb d’Hérakléion et l’Osireion de Canope, doit correspondre à la partie terminale de la quête d’Isis parcourant les marais dans une barque de papyrus à la recherche d’Osiris démembré (cf. Plutarque, De Iside 18), lorsque, seule, elle ramène le corps du dieu (cf. P.Oxy. XI 1380,186-189).
L. 3-4 mention des fêtes célébrées en l’honneur d’Osiris retrouvé, l’Inventio Osiridis des Romains.
L. 5 παμπράτος Edson, πάμπρωτος Bingen, Merkelbach.
L. 5-6 l’invention de la navigation est attribuée à Isis dans l’Arétalogie ; cf. n° 302/0204 l.15.
L. 6 τμήξας Edson, Merkelbach, τμῆξας Bingen.
L. 7 ἀλλ´, ἄνα Edson, ἀλλ´ ἄνα Bingen, Merkelbach; <τε> Edson, τε Bingen, Merkelbach; υἱέï Edson, Bingen, υἱέι Merkelbach; ὀπάξοις Edson, ὀπάζοις Bingen, Merkelbach.
L. 11 ce poète, fils d’Hégésandros, est connu par un catalogue agonistique de Thespies dans lequel il est mentionné comme vainqueur au concours des «poèmes processionnels» des Mouseia de l’Hélikon (BCH 19, 1895, p. 336) ca 120 a.C.
Ce poème, qui salue la dédicace d’un espace sacré pour Osiris, par un dénommé Phylakidès, fait apparaître différents aspects de l’interpretatio graeca du mythe d’Osiris, connu pour l’essentiel par le traité de Plutarque, et dont certains sont nouveaux, notamment ceux se rapportant à l’épisode du coffre emportant le corps du dieu. Ces diverses allusions amènent le poète à faire d’Osiris l’inventeur de la navigation, une prérogative habituellement attribuée à Isis, notamment dans son Arétalogie (cf. n° 302/0204). Plusieurs monuments et bâtiments sis dans l’enceinte du sanctuaire de Thessalonique, dédiés à Osiris, suggèrent quels furent ses rôles et fonctions au sein du panthéon isiaque, notamment dans le cadre des mystères (cf. nn° 113/0505, 113/0520 et 113/0537).