Bloc en trois fragments remployés dans les murs d’une maison d'Agios Georgios. Postérieur à 150 a.C.
Kléôn étant archonte, [---], fils d’Ophélandros, [étant prêtre de Sérapis], Anikétos, fils de [---], et sa femme Dionysia, fille d’Eumélos, consacrent leur esclave nommé Dionysios à Sérapis et ils font la consécration dans le sanctuaire. Il demeurera chez eux tant qu’ils vivront, et ensuite sera libre en n’appartenant à personne en aucune manière. Quiconque mettra la main sur Dionysios pour l’emmener en esclavage paiera une amende de mille drachmes consacrées à Sérapis. Qu’il soit arrêté par le prêtre et par qui le voudra.
Témoins : [---, (fils) de ---]machos, Da[---, (fils) de ---, ---]dros, fils de X[---]. »
K. Keil, Sylloge inscriptionum boeoticarum, Leipzig, 1847, p. 88 n° XXI ; IG VII, 2872 (Dittenberger ap. Ross) (RIJG II, n° 6 p. 239-240 ; SIRIS, 55 ; L. Darmezin, Les affranchissements par consécration: consécrations fictives et consécrations réelles, Lyon, 1982, p. 92-93 n° 120 ; L. Darmezin, Les affranchissements par consécration en Béotie et dans le monde grec hellénistique, Nancy, 1999, p. 86-87 n° 121).
IIe s. a.C.
ed. pr., Ier s. a.C. Vidman d’après la forme Sérapis, mais ce dernier argument ne tient pas ; comparer les nn°
104/0108,
104/0201,
105/0602,
105/0814,
105/0852 etc.
L. 3 [τὸν ἴδιον δοῦλον] Dittenberger (
IG), [τὸν ἴδιον δοῦλον ᾧ ὄνομα] Darmezin.
L. 4-5 καὶ τὴν [ἀνάθεσιν εἰς τὸ] ἱερὸν Keil, καὶ τῇ [Εἴσι καὶ Ἀνούβι] ἱερόν Dittenberger, τὴν [ἀνάθεσιν ποιοῦσιν εἰς τὸ] ἱερὸν Darmezin.
L. 7 ε[ἰ]ς δουλήα[ν, ἀποτεισάτω] Dittenberger, ἐς δουλήα[ν Διονύσιον, ἀποτεισάτω] Darmezin.
L. 8 ΙΕΡΑΣΤΑ les copies.
L. 9 ΑΛΛΟΩΝΟΛ les copies; ὁ <π>[αρατυγχάνων] Dittenberger, ὁ [βουλόμενος] Darmezin.
Les actes d’affranchissements par consécration à Sarapis, voire à Isis, sont fort nombreux, et proviennent de Béotie (Orchomène nn°
105/0701 à
105/0709, Chéronée nn°
105/0801 à
105/0893), de Phocide (Hyampolis n°
106/0303, Tithorée nn°
106/0402 à
106/0408 et
106/0410 à
106/0417, Elatée nn°
106/0501 à
106/0504), de Doride (Boion n°
107/0101) et de Locride occidentale (Naupacte nn°
108/0101 et
108/0102); on en connaît même un provenant d’Hyrcanie (n°
405/0101). Sur ceux-ci, cf. A. Calderini,
La manomissione e la condizione dei liberti in Grecia, Milano 1908, p. 109, 116-120, F. Bömer,
Untersuchungen über die Religion der Sklaven in Griechenland und Rom II, Mainz 1960, n° 1 p. 63-68, 129-133, H. Rädle,
Untersuchungen zum griechischen Freilassungswesen, München 1969, L. Darmezin,
Les affranchissements par consécration: consécrations fictives et consécrations réelles, Thèse de 3e cycle Lyon II 1982 et ead.,
Les affranchissements par consécration en Béotie et dans le monde grec hellénistique, Nancy 1999, ainsi que L. Dahoura,
Les actes d’affranchissement de Grèce centrale, Thèse de 3e cycle inédite, Clermont-Ferrand 1986.
Par ce type d’affranchissement, l’esclave est réellement consacré à un dieu. Après les formules initiales relativement standardisées, sont parfois énoncées différentes clauses : clauses de sauvegarde destinées à le protéger contre toute atteinte à son nouveau statut d’affranchi, clauses de résidence obligatoire auprès du maître (
paramonè) toujours appelé à le représenter dans certaines opérations de la vie courante (achat, vente, …). Ces affranchissements pouvaient être à titre gratuit ou, le plus souvent, à titre onéreux. Il revenait alors au prêtre de la divinité concernée et aux magistrats de la cité devant lesquels l’affranchissement est prononcé de préserver la liberté du nouvel affranchi.
Les dieux les plus concernés par de tels actes d’affranchissement par consécration, réelle ou le plus souvent fictive, sont Apollon, Hygie, Asclépios et Sarapis, tous dieux sauveurs et guérisseurs. Pour autant, la liste des dieux acquéreurs est bien plus longue et l’on s’adressait parfois au dieu de la cité ou au dieu tutélaire du maître pour procéder à la manumission. Les quelque cent cinquante actes recensés au nom de Sarapis indiquent que le dieu paraît avoir, dans un premier temps, partagé le même espace sacré – dans tous les sens du terme – qu’Asclépios, avant de le supplanter. La multiplication de ces actes en Grèce centrale pourrait en outre signifier que les cités proches de Delphes auraient choisi, entre la fin du IIIe et le IIe s. a.C. d’affranchir désormais leurs esclaves localement, pour leur propre prospérité, et non plus au bénéfice de Delphes comme ce fut le cas auparavant.
Le nombre croissant de documents invite désormais à ne plus retenir les hypothèses anciennes d’A. Calderini (
La manomissione et la condizione dei liberti in Grecia, Milano 1908) pour qui les cultes égyptiens auraient importé et développé en Grèce ce mode d’affranchissement. Il n’y a en outre pas lieu de continuer à penser que l’on faisait intervenir Isis et surtout Sarapis spécialement pour la libération d’esclaves non-grecs ou égyptiens.