104/0103. Eretria (Eretria). Décret honorifique à Phanias.
Stèle en marbretrouvée dans l’Isieion Moulurée, elle présente une couronne gravée au-dessus de l’inscription.Ερέτρια, μουσείοIIe s. a.C.
Τὸ κοινὸν τῶν
μελανηφόρων
καὶ ὑποστόλων
στεφανοῖ Φανίαν
5
Ἰάσονος τὸν ἱερη-
τεύσαντα ἐγ γένους
κατὰ τὴν μαντείαν
τοῦ θεοῦ.
Ἰσίδωρος ζάκορος.
1
L’association des mélanéphores et (celle) des hypostoles couronne Phanias, fils de Iason, qui a exercé la prêtrise héréditaire conformément à l’oracle du dieu. Isidôros zacore.
N. Pappadakis, AD 1, 1915, p. 148-150 ; IG XII Suppl., 571 (Ziebarth) (SIRIS, 75); P. Bruneau, Le sanctuaire et le culte des divinités égyptiennes à Érétrie, Leiden, 1975, n° III p. 73-75 et pl. XXX.
L. 1 le même vocable est ici utilisé à la fois pour les mélanéphores et pour les hypostoles car il est question d’associations de même nature; je ne crois pas que les uns et les autres aient fait partie de la même association.
L. 2 les μελανηφόροι étaient vraisemblablement des fidèles réunis en une association chargée de représenter le deuil d’Isis lors des processions. Outre les nombreux textes déliens (cf. index 2 s.v.) et les deux documents romains nn° 501/0183- 501/0184, voir L. Bricault, « Isis dolente », BIFAO 92, 1992, p. 48-49 et n. 34-43 avec la bibl. ant.
L. 3 je ne pense pas, avec P. Bruneau, Le sanctuaire et le culte des divinités égyptiennes à Érétrie, Leiden 1975, p. 112-113 et contra N. Pappadakis, L. Vidman et F. Dunand que les ὑποστόλοι, que l’on retrouve au n° 112/0703 (Démétrias), soient des « habilleurs en second», c’est-à-dire l’exact pendant de l’[ἀρχ]ίστολος du n° 304/0606 (Éphèse); Ph. Bruneau rapprocherait ces hypostoles des personnages revêtus de longs pagnes blancs que l’on voit sur les fresques d’Herculanum; comparer le verbe ὑποστέλλειν, que l’on peut traduire littéralement par «ramener en bas en serrant», et la description donnée par Apulée, Meta. XI,10, de certains ministres du culte : Antistites sacrorum (...) candido linteamine cinctum pectoralem adusque vestigia strictim iniecti ; « Quant aux ministres du culte, ces hauts personnages étaient étroitement serrés dans un vêtement de lin blanc qui, prenant à la taille et moulant leur corps, descendait jusqu’à leurs pieds » ; pour des hypostoles en relation avec la déesse Almopia sur une inscription rupestre de la pente sud du Pangée, cf. G. Balalakis, PAA 1937, p. 484-488 et P. Collart, « La vigne de la déesse Almopienne au Pangée », Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde 42 (Festband Felix Stähelin), 1943, p. 9-21 (Bull. 1944, 129); sur les hypostoles, on verra désormais M. Malaise, « Les hypostoles. Un titre isiaque, sa signification et sa traduction iconographique », Chronique d’Égypte, 82, 2007, 302-322.
L. 7 l’oracle du dieu se rapporte-t-il à la décision de couronner Phanias ou bien au fait qu’il exerce une prêtrise héréditaire ? Je suis ici Ziebarth et Ph. Bruneau. L’opinion contraire fut soutenue par N. Pappadakis et P. Roussel (discussion chez P. Bruneau, Le sanctuaire et le culte des divinités égyptiennes à Érétrie, Leiden 1975, p. 74).
L. 8 le dieu doit être ici Sarapis, car s’il s’était agi d’Osiris, son nom eut été expressément mentionné.
L. 9 le zacore Isidôros, qui doit être à l’initiative de cet honneur rendu à Phanias, a dû faire inscrire son nom au bas de la stèle quelque temps après la première gravure, d’où l’idée émise par Ziebarth que cette dernière ligne est une adjonction postérieure et d’une autre main. Sur les zacores, cf. n° 101/0202.