Stèle en marbre blanc (h. 35 cm ; l. 29 cm) acquise à Athènes par Lord Elgin London, British Museum inv. 1816,0610.237215/214 a.C.d'après la magistrature.
« Dioklès étant archonte, au mois de [..., ...os, fils de ..., de Phalère(?)] a déclaré : puisque le trésorier des Sarapiastes Zôpyros, le secrétaire Théophanès et l’épimélète Olympichos se sont montrés à plusieurs reprises irréprochables, et ayant auparavant bien travaillé dans leurs fonctions, ont rendu les comptes sur toutes les affaires conformément au règlement (de l’association), et que, ayant été nommés (dans leurs fonctions) de nouveau sous l’archontat d’Hagnias, ils ont accompli honorablement et en toute justice leur année; à la Bonne Fortune, plaise aux Sarapiastes de leur décerner leur éloge et de les couronner d’une couronne de feuillages garnie de bandelettes aussitôt que les Sarapiastes offriront un sacrifice; et que les hiéropes proclament toujours leurs noms lors de chaque sacrifice, après les rites sacrés; s’ils ne les proclament pas ou ne les couronnent pas, que chacun d’eux soit condamné à payer [...] drachmes qui seront consacrées aux Sarapiastes, (et cela) afin que ceux qui seront empressés envers eux rivalisent pour être honorés dignement; plaise que si, à l’avenir également, ils manifestent leur zèle, ils obtiennent quelque autre bienfait de la part de l’association des Sarapiastes, et de faire en outre l’éloge de la proéraniste Nikippè parce qu’elle a accompli les sacrifices dans les délais impartis. Que ce décret soit gravé sur une stèle de pierre et qu’il soit déposé dans le Sarapieion. Quant à la dépense afférente à toutes ces mesures, que le trésorier Zôpyros la règle en puisant dans la (caisse) commune de l’association.
Proéraniste Nikippè, trésorier Zôpyros, secrétaire Théophanès, épimélète Olympichos; Sarapiastes : ..., Séleukos, Dôriôn, Euboulidès, Ant[...], Xé[...], Th[...], ..., Py[..., ...]. »
L. 2 ΦΑΛ[.... εἶπεν] Dow, Vidman, p. 196 Dow envisage de restituer Φαλη[ρεύς] ou Κεφαλῆ[θεν].
L. 6-7 [γενό/μενοι] Dow, Vidman.
L. 7 ἀγα[θοὶ(?)] Dow, Vidman.
L. 8 παρ[ὰ] τὸν [θίασον] Hicks, Kirchner, κατ[ὰ] τὸν [νόμον] Dow, Vidman; la photographie ne permet pas de décider.
L. 10 ἐξ[ῆχ]α[ν] Dow, suivi, avec un doute, par Vidman.
L. 18 fin [μὴ τὸ](?) au lieu de [ὅπως ἂν](?)
L. 19-20 φιλο[τιμου/μ]ένοις <εἰδόσιν> Dow, Vidman.
L. 20 fin [εἶναι] Dow, Vidman.
L. 21 αὖ τοῖς(?)
L. 21-22 φιλοτιμ[ουμέ]/νοις Dow, Vidman.
L. 22 fin [θιάσου](?)
L. 28 fin ἐκ οu ἀπὸ(?)
L. 38 aucune restitution n’est proposée par les précédents éditeurs.
L. 3 on retrouve ce type d’association privée, patronnée par Sarapis, à Rhamnonte, (n°
101/0502), à Thasos (n°
201/0101), à Délos (nn°
202/0189 et
202/0424 I,88-89), à Kéos (n°
202/0801), à Rhodes (n°
204/0105), à Camiros (nn°
204/0215 et
204/0217), à Lindos (n°
204/0338) et à Méthymne (n°
205/0401).
L. 15 la mention des hiéropes, deux ou trois sans doute, porte à six ou sept le nombre d’officiels dans l’association. Les dimensions modestes de la stèle, à l’instar de celles laissées par les autres associations à la même époque d’ailleurs, ont fait supposer que ces Sarapiastes ne disposaient pas de gros moyens financiers, mais la présence de plusieurs responsables invite à nuancer cette affirmation : un trésorier, généralement en charge du financement des sacrifices, des banquets et de l’inhumation des membres, mais qui, dans le cas présent, a dû agir plutôt en gestionnaire des fonds apportés par la proéraniste ; un secrétaire préposé à l’enregistrement des activités et des décisions prises par le collège ; un épimélète responsable des locaux, de leur entretien et de leur restauration éventuelle ; enfin des hiéropes chargés d’annoncer honneurs et récompenses lors des cérémonies qu’ils auront contribuées à organiser.
L. 24 la proéraniste, la première de l’érane, un titre inconnu par ailleurs, est la présidente (honoraire) de cette association, hommes et femmes confondus (le titre est formé sur ἔρανος, mais le terme utilisé ici, l. 30, est κοινόν), qui comporte les officiels propres à ce type de clubs : un trésorier, un secrétaire et un épimélète, énumérés selon l’ordre de préséance, ll. 30-37 (utiles comparaisons avec d’autres associations chez S. Dow, « The Egyptian Cults in Athens »,
HThR 30, 1937, p. 192-197). La plupart des commentateurs ont considéré que le collège n’étant pas féminin – aucun nom de femme en dehors du sien ne subsiste sur la stèle, il est vrai brisée à la partie inférieure – le titre de Nikippè était purement honorifique, récompensant sa générosité et son investissement dans le bon fonctionnement de l’association. Cependant, comme l’a noté F. Dunand (
Culte d’Isis II, Leiden 1973, p. 7), elle a accompli les sacrifices dans les délais impartis – et non à l’occasion de jeux qui ne sont pas mentionnés dans le texte –, signe qu’elle jouait un rôle important dans le culte lui-même, sans qu’il soit toutefois envisageable de lui conférer un titre sacerdotal, ni même celui d’archéraniste que l’on rencontre pour d’autres collèges athéniens.
L. 27 la restitution du terme Sarapieion par Dow impliquerait l’existence à Athènes, à la fin du IIIe s. a.C., d’un sanctuaire privé, édifié sans doute avec les fonds de l’association, que l’on ne peut encore localiser.
L. 30-37 L’absence de patronyme et de démotique, courante encore au IVe s. a.C., indique, à la fin du IIIe s., que ces Sarapiastes d’Athènes sont soit des métèques soit, moins probablement, des esclaves, mais pas des citoyens athéniens. Voir cependant aussi, désormais, le texte de Rhamnonte, n°
101/0502, de la même époque, où les membres de l’association sont indiscutablement des Athéniens.
En règle générale, il n’existe pas de contrat entre les membres de l’association, mais parfois, comme ici à Athènes, un règlement interne (
nomos), qu’ils se doivent de respecter et dans le cadre duquel se prennent les décisions (
dogme) et les décrets (
pséphisma). De ces documents on ne peut inférer beaucoup plus, en constatant la grande variété des structures propres à ce type d’association, de leur puissance financière et de leur composition sociale.