101/0101. Piraeus (Pireas). Décret de fondation.
Stèle en marbre du Pentéliquedécouverte au Pirée Αθήνα, Επιγραφικό μουσείο inv. EM 7173333/2 a.C.
[Θ] ε ο ί.
Ἐπὶ Νικοκράτους ἄρχοντ-
ος ἐπὶ τῆς Αἰγεΐδος πρώτ-
ης πρυτανείας· τῶν προέδ-
5
ρων ἐπεψήφιζεν Θεόφιλο-
ς Φηγούσιος· ἐδοξεν τῆι β-
ουλεῖ· Ἀντίδοτος Ἀπολλο-
δώρου Συπαλήττιος εἶπε-
ν· Περὶ ὧν λέγουσιν οἱ Κιτ-
10
ιεῖς περὶ τῆς ἱδρύσειως
τῆι Ἀφροδίτηι τοῦ ἱεροῦ,
ἐψηφίσθαι τεῖ βουλεῖ το-
ὺς προέδρους, οἳ ἂν λάχωσ-
ι προεδρεύειν εἰς τὸν πρ-
15
ώτην ἐκκλησίαν, προσαγα-
γεῖν αὐτοὺς καὶ χρηματί-
σαι, γνώμην δὲ ξυνβάλλεσ-
θαι τῆς βουλῆς εἰς τὸν δῆ-
μον, ὅτι δοκεῖ τῆι βουλεῖ
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ἀκούσαντα τὸν δῆμον τῶν
Κιτιείων περὶ τῆς ἱδρύσ-
ειως τοῦ ἱεροῦ καὶ ἄλλου
Ἀθηναίων τοῦ βουλομένο-
υ βουλεύσασθαι, ὅτι ἂν αὐ-
τῷ δοκεῖ ἄριστον εἶναι.
Ἐπὶ Νικοκράτους ἄρχοντ-
ος ἐπὶ τῆς Πανδιονίδος δ-
5
ευτέρας πρυτανείας· τῶν
προέδρων ἐπεψήφιζεν Φα-
νόστρατος Φιλαίδης· ἔδο-
ξεν τῶι δήμωι· Λυκο͂ργος Λ-
υκόφρονος Βουτάδης εἶπ-
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εν· Περὶ ὧν οἱ ἔνποροι οἱ Κ-
ιτιεῖς ἔδοξαν ἔννομα ἱκ-
ετεύειν αἰτοῦντες τὸν δ-
ῆμον χωρίου ἔνκτησιν, ἐν
ὧι ἱδρύσονται ἱερὸν Ἀφρ-
15
οδίτης, δεδόχθαι τῶι δήμ-
ωι δοῦναι τοῖς ἐμπόροις
τῶν Κιτιέων ἔνκτησι[ν] χ[ω]-
ρίου, ἐν ὧι ἱδρύσονται τὸ
ἱερὸν τῆς Ἀφροδίτης, καθ-
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άπερ καὶ οἱ Αἰγύπτιοι τὸ
τῆς Ἴσιδος ἱερὸν ἵδρυντ-
αι.
« Dieux. Nikokratès étant archonte, la tribu Aigeis exerçant la première prytanie, parmi les proèdres, Théophilos (du dème) de Phégous, a mis aux voix. Il a plu au Conseil, sur proposition d’Antidotos, fils d’Apollodôros, (du dème) de Sypalêttos: sur le rapport des Kitiéens au sujet de la fondation d’un sanctuaire en l’honneur d’Aphrodite, plaise au Conseil que les proèdres désignés par le sort pour présider la prochaine Assemblée introduisent les Kitiéens et mettent l’affaire en délibération, qu’ils fassent savoir comme avis du Conseil au peuple que le Conseil juge bon que le peuple, après avoir entendu les Kitiéens au sujet de la fondation du sanctuaire et tout Athénien qui voudra s’exprimer à ce sujet, prenne la décision qui lui paraîtra être la meilleure.
Nikokratès étant archonte, la tribu Pandionis exerçant la deuxième prytanie, parmi les proèdres, Phanostratos (du dème) de Philaïdes a mis aux voix le décret; décision du peuple, sur proposition de Lykurgos, fils de Lykophron, (du dème) de Boutadès : à propos de ce que sur quoi les marchands de Kition ont jugé bon de présenter une supplique légale, en demandant au peuple le droit de propriété d’un terrain où fonder un sanctuaire d’Aphrodite, que le peuple décide d’accorder aux marchands de Kition le droit de propriété d’un terrain où fonder leur sanctuaire d’Aphrodite, comme les Égyptiens ont fondé le sanctuaire d’Isis. »
IG II, 168 (Koehler) ; IG II/III2, 337 (Kirchner) (SIRIS, 1 ; Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, p. 66-68 n° 34 ; cf. M. N. Tod, A Selection of Greek Historical Inscriptions II, 1948, n° 189 ; J. Pečirka, The Formula for the Grant of Enktesis in Attic Inscriptions, Praha, 1966, p. 59-61, sur les ll. 33-45) ; C. J. Schwenk, Athens in the Age of Alexander, Chicago, 1985, p. 141-146 n° 7 (SEG XXXV, 1985, 239) ; R. R. Simms, « Isis in classical Athens », CJ LXXXIV, 1988-1989, p. 216-221 (SEG XXXIX, 1989, 84) ; B. Le Guen-Pollet, La vie religieuse dans le monde grec du Vè au IIIè siècle avant notre ère, Toulouse, 1991, p. 216-219 n° 81 ; P. J. Rhodes, R. Osborne, Greek Historical Inscriptions (404-323 B.C.), Oxford, 2003, p. 462-467 n° 91 ; P. Brun, Impérialisme et démocratie à Athènes, Paris, 2005, n° 134 ; J. S. Kloppenborg, R. S. Ascough, Greco-Roman Associations Texts. Translations, and Commentary. I: Attica, Central Greece, Macedonia, Thrace, Berlin - New York, 2011, n° 3 ; S. D. Lambert, Inscribed Athenian Laws and Decrees in the Age of Demosthenes. Historical Essays, Leiden, 2018, p. 151 n° 26 ; IG II/III³ 1, 337.
Sur les cultes isiaques à Athènes : voir S. Dow, « The Egyptian Cults in Athens », HThR 30, 1937, p. 183-232 ; F. Dunand, Le culte d’Isis dans le bassin oriental de la Méditerranée. II Le culte d’Isis en Grèce, Leiden 1973, p. 4-15 et 132-152 ; S. Walker, « A Sanctuary of Isis on the South Slope of the Athenian Acropolis », ABSA 74, 1979, p. 243-257 ; D. Placido, « Isis, la oligarquia ateniense y las tradiciones aticas », MHA 5, 1981, p. 249-252 ; E. Muñiz Grijalvo, « The Egyptian Cults in Roman Athens », dans C. Bonnet, V. Pirenne-Delforge, D. Praet (éd.), Les “religions orientales” dans le monde grec et romain: cent ans après Cumont (1906-2006), Bruxelles-Rome 2009, p. 325-341 ; É. Matricon-Thomas, « Le culte d’Isis à Athènes ; entre aspect ‘universel’ et spécificités locales », dans L. Bricault & M. J. Versluys (éd.), Egyptian gods in the Hellenistic and Roman Mediterranean: Image and reality between local and global, Palermo 2012, p. 41-65.

L. 43-45 la demande d’Égyptiens présents en Attique, sans doute pour des raisons commerciales, de pouvoir construire un sanctuaire pour Isis au Pirée, quelques temps avant celle déposée par les Chypriotes de Kition, fut jugée recevable par les magistrats et autorisée par décret. Cette autorisation répondait à des motivations plus économiques que strictement religieuses, l’installation de marchands égyptiens au Pirée s’avérant un apport de ressources non négligeable pour Athènes, qui venait tout juste d’être défaite par les Macédoniens à Chéronée. Sous la houlette de Lycurgue, magistrat « préposé à l’administration », soit directement soit par l’intermédiaire d’hommes de paille, les finances athéniennes furent rétablies et l’activité édilitaire réactivée, ce qui contribua, durant cette période de transition, au redressement, certes temporaire, de la ville.
On retrouve des Égyptiens, au IIIe s., et peut-être dès la fin du IVe s. a.C. à Érétrie, impliqués dans l’implantation, sinon la diffusion, des cultes isiaques en Grèce. La présence d’Alexandrins, voire d’Égyptiens dans les ports hellènes, la plupart du temps pour des raisons commerciales, n’est pas étrangère à l’édification de sanctuaires, fussent-ils de dimensions modestes; songeons à Apollônios de Memphis, introducteur du culte de Sarapis à Délos (n° 202/0101), au prêtre busirite Ouaphrès (égypt. w3h-ib-p3-Rc) à Démétrias (n° 112/0701), aux Αἰγύπτιοι d’Érétrie (n° 104/0101), voire encore à Θαῆἱς (égypt. T3-st) d’Argos (n° 102/0801), même s’il ne s’agit plus là d’un port.